VHS 10
Déménagement oblige, j'ai commencé à "faire" des boîtes la semaine dernière. Évidemment, j'ai déjà douze boîtes de films et de livres près de la porte. C'est en manipulant mes centaines de vieilles VHS que je me suis questionné à savoir si j'avais réellement envie de transposer cette collection dans ma nouvelle maison. Je sais que la réponse est Pas vraiment, voire carrément Non, mais je semble lutter quand même, comme si je tentais de me convaincre que je n'avais pas changé, que j'aimais toujours autant les films d'horreur, que je n'avais pas passé à autre chose.
Le meilleur exemple d'une grande époque aujourd'hui révolue est sans contredit lorsque j'ai mis la main sur cette vieille pochette poussiéreuse de Ça fait peur, version française de Terror on Tape.
Ça fait peur n'est pas un film d'horreur; c'est un collage, un montage, un outil honteusement promotionnel déguisé en cadeau pour les fans. Sorti en 83 (en 85 pour la version française que j'ai entre les mains), ce que je croyais être un film (j'ai toujours eu cette fâcheuse habitude de ne jamais lire derrière la pochette, encore aujourd'hui) s'est finalement avéré être un assemblage des scènes les plus "saisissantes" (dixit la pochette) d'une dizaines de films.
[Après quelques recherches, il appert que TOUS les extraits proviennent de films sortis tout droit du catalogue du distributeur de Ça fait peur, d'où "outil honteusement promotionnel", car bonjour l'objectivité; ce n'est pas aux scènes des films les plus terrifiants auxquels nous avons droit ici, mais bien aux scènes les plusses moins pires de l'arsenal de films poches acquis par Continental Video. Il ne faut toutefois pas oublier qu'en 1983, alors que le marché de la vidéo était en plein essor, il n'était pas aussi évident qu'aujourd'hui pour un distributeur de faire voir ses bandes annonces au plus grand nombre, d'où ce Ça fait peur et sa ribambelle de morceaux sanguinolents.]
Voici ce que j'aurais su si je m'étais donné la peine de lire la pochette:
"Entrez dans le plus étrange vidéo club du monde. Celui où les clients ne viennent louer que des cassettes de films d'horreur... et vivant des moments plus effrayants que tout ce qu'ils auraient pu imaginer!
Tour à tour, le diabolique propriétaire leur fait visionner et subir les passages les plus abominables des films les plus cauchemardesques tournés à travers le monde."
Alors voilà. Animé par Cameron Mitchell, pseudo légende du cinéma de genre (tous les genres), Ça fait peur se déroule dans un club vidéo en carton-pâte sentant le studio à plein nez. Quelques pochettes sur les étagères, quelques affiches (dont une du film lui-même !!) sur les "murs", des toiles d'araignée et un cercueil debout près de la porte, et le tour est joué. Bienvenue dans le plus chiche des clubs vidéo de toute l'Histoire.
Trois clients se succèdent dans cet antre trop moche pour être crédible : un gros puceau à lunettes qui a peur de son ombre (Mark Fenske, deux-trois autres trucs sans intérêt par la suite, et hop, fin de sa carrière), un gars de la construction qui n'a peur de rien (Tim Noyes, son premier et dernier rôle, heureusement) et une vampire nymphomane folle qui semble jouir à la simple vue de sang et de violence (Michelle Bauer, 115 films à son actif, APRÈS Ça fait peur). On peut véritablement parler de tremplin dans son cas, quoique la compétition n'était pas très forte; vous êtes un producteur véreux et vous devez choisir entre un poltron encore dans les jupes de sa mère, un macho de la construction et une vampire nymphomane folle à la poitrine affolante,... Poser la question, c'est y répondre. Ceux qui ont répondu A ou B, vous êtes recalés.
La pochette est quelque peu trompeuse en cela qu'elle clame à qui veut bien le lire (pas moi) "Avec Nastassïa (SIC) Kinski, Christopher Lee, James Earl Jones, Jose' (SIC) Ferrer, John Carradine" et autres, toutes des grosses pointures du cinéma déviant ou non, le problème étant que ces gros canons n'apparaissent que quelques secondes (ou moins) dans un extrait d'un film qu'ils souhaiteraient probablement tous n'avoir jamais tourné. Ce qui ressemble à un film de rêve regroupant toute cette brochette de noms se transforme rapidement en festival de montage raté, et c'est là que commence la soirée de déconne entre potes.
En balançant la cassette (très lourde, car à l'époque, elles étaient remplies à pleine capacité de ruban, peu importe la durée du film) dans le vidéo, j'ai eu droit au message d'intérêt suivant :
"Les barres de couleurs qui suivent sont à votre disposition afin d'ajuster votre téléviseur."
Ces magnifiques barres de couleurs, avec biiiiiiiiiiiiiiip strident comme fond sonore relaxant, sont restées à l'écran pendant un gros... trois secondes. J'ai même reculé deux fois pour compter. Trois secondes! Le temps de se lever et de commencer à penser se diriger vers la télé pour faire les ajustements, pouf!, pus de barres, et le film commence. Bravo.
Là où ça se corse, mais également là où ça devient plus intéressant, c'est dans la version française de toute cette entreprise. Continental Video détenait bien évidemment les droits de tous les films présentés dans cette compilation, mais pour ce qui est des versions françaises de ces mêmes films,... pas nécessairement. Et imaginez tout le travail de reprendre les mêmes extraits en français et de... NON! Pas le temps, pas d'argent. La solution? On double tout ça à la va-vite, le temps d'un après-midi, deux ou trois gars pour toutes les voix d'hommes, et tiens, une seule fille pour TOUTES les voix de femmes, ça devrait suffire. C'est parti!
Le résultat est pathétique. Le son est minable, les voix sont monotones, à peine synchronisées avec les lèvres des "comédiens", et que dire justement de ces quatre personnages, à part qu'ils sont tous pénibles à voir et à entendre... Leur jeu est théâtral, surjoué, stéréotypé à outrance, bref, on se croirait en présence de quatre Sean Penn dans un seul et même lieu. Évidemment, ces quatre guignols ont la même voix que tous les personnages dans tous les extraits de film, ce qui ajoute à la confusion/l'amusement/l'agacement, selon le camp que le spectateur aura choisi. Oh, et une des voix d'homme est, j'en suis certain, la voix de Scott dans L'opéra de la terreur. C'est tout.
La musique, rajoutée en post-prod par-dessus les extraits, provient des films de Lucio Fulci (j'ai reconnu deux ou trois mélodies), mais cet emprunt n'est mentionné nulle part, pas plus sur la pochette qu'au générique. Scandale !
En dernier lieu, il est bon de rappeler le travail technique non existant qui mine cette version française à chaque tournant; au cours des extraits, le son augmente et diminue sans cesse (trop fort lorsqu'en présence d'effets sonores et de cris, pas assez pendant les dialogues puisque le doublage embarque avec les trois ou quatre même voix affreuses), des irrégularités au niveau des titres de film annoncés au bas de l'écran, bref, un fiasco sur toute la ligne, mais je trouvais ça pas mal à l'époque, quelque part au début des années 90, alors que j'avais 13-14 ans.
[À noter que les titres ci-dessous sont tels qu'ils apparaissent au bas de l'écran au début de chaque extrait]
Ça fait peur, ça non, mais plaisir garanti!
***
Return of the Alien Deadly Spawns
Probablement un des meilleurs films de tout le catalogue de Continental Video. Un film fauché à l'os, mais tellement fun, tellement gore, tellement sincère! Un vrai bel hommage au cinéma de science-fiction et d'horreur des années 50-60-70, et une fois de plus, tellement sanglant! Les extraits montrés m'avaient marqué, mais ce n'est que des années plus tard que j'ai vu le film. Très bien.
Vampire Hookers
Jamais vu ce film nulle part. Pas que j'avais le goût de le trouver, encore moins de le voir. M'a toujours semblé plutôt moche (peut-être en partie en raison du doublage complètement dans le champ). Oh, et une perle de mauvaise traduction; un des personnages dit clairement (on le voit sur ses lèvres) I'm leaving, first thing in the morning. [signifiant dès l'aube, ou aussitôt le soleil levé]. Traduction Ça fait peur : Je pars, première chose le matin.
?!?
Blood Tide
La raison pour laquelle le nom de James Earl Jones apparaît sur la pochette. En passant, sur la photo, c'est un monstre sous-marin qui croque une fille qui se baignait dans la mer. Cette scène est d'ailleurs pas mal du tout; belle cinématographie sous l'eau, belle fille, musique à chier... Voilà un autre film que je n'ai jamais vu nulle part, alors bravo au marketing raté de Continental Video.
Cathy's Curse
Ah, celui-là, je l'avais déjà vu à la télé payante sous le titre Une si gentille petite fille... J'étais jeune, j'habitais encore à Montréal-Nord, et ça m'avait traumatisé ben raide (le film, pas d'avoir habité à Mtl-Nord. Quoique...) De revoir les extraits du film aujourd'hui? Ouf, quel four. Ça me semble très mauvais, voire même POURRI. À ne jamais revoir, donc. Bye Cathy, pourtant une si gentille petite fille...
Madhouse Mansion
À 13 ans, je me disais déjà que jamais je ne verrais cette merde, alors... À 30 ans, me voilà toujours vierge de Madhouse Mansion, que je n'ai d'ailleurs jamais vu nulle part (décidément...), et dieu sait que j'ai bien dû visiter une soixantaine de clubs vidéo dans ma vie.
Frozen Scream
Jamais trouvé, donc jamais vu, mais je l'aurais sans doute loué. Semblait pas si mal, à part les deux-trois moustachus déguisés en moines qui surjouaient comme c'est pas permis. Amateurs.
To the Devil a Daughter
Deux autres gros noms sur la pochette : Christopher Lee (M. Dracula en personne) et Natassja Kinski (La féline). Bien que j'appréciais certains extraits, d'autres me laissaient plutôt pantois, et pour cette raison je n'ai jamais cru bon de le louer. C'était pourtant facile, mon Superclub Vidéotron l'avait. J'ai choisi de passer 1000 fois devant sans jamais m'arrêter. Next.
Eerie Midnight Horror Show
Ouh, celui-là m'intriguait pas mal. Les extraits montrés sont plutôt hardcore, surtout la femme qui se fait crucifiée sur une croix. Et que dire de la photo ci-dessus! Dégueulasse, en plein le genre de truc qui me fait peur. Je regarde aujourd'hui le générique de la chose et je me rends compte que, bien que le film ne traîne pas que des éloges derrière lui (loin de là même), quel casting mes amis! Tous des habitués du cinéma d'horreur transalpin; Ivan Rassimov, Gabriele Tinti, Luigi Pistilli, Chris Avram, etc. Malheureusement, je n'ai jamais réussi à trouver ce film, et aujourd'hui, je n'ai plus vraiment d'intérêt, alors...
Kidnapping of the President
L'extrait What the fuck (kessé ça fait là) de Ça fait peur. Un film de guerre et d'espionnage avec notre compatriote William Shatner... Au secours. Par chance, le vaillant capitaine Kirk n'apparaît dans aucun extrait.
Nightmare
Des extraits malsains comme c'est pas possible. Bon, ok, avec le retour des Deadly Spawn, ce Nightmare in a Damaged Brain, qui arrache toute, est un autre bon coup de Continental Video. Un film qui va trop loin, plus d'une fois, et qui fut longtemps censuré ou même banni dans plusieurs pays. Je voulais tellement le voir que je l'avais commandé de Midnight Video pour 20 dollars américains (mon salaire annuel de camelot de La presse!). Je n'ai pas été déçu. De loin les extraits les plus dérangeants de cette compilation bordélique.
Slayer
Damn, un autre que je n'ai jamais réussi à trouver. Intrigant, violent, un meurtre à la fourche, une tête arrachée par la trappe menant au grenier, une créature vraiment laide hurlant toute sa folie, bref, le genre de film fucked up que j'aimais bien. Jamais vu. Snif.
City of the Walking Dead
Hum. Un grand moment de n'importe quoi. C'est tellement mauvais! Faut croire qu'à l'époque ça m'impressionnait car j'avais également craché 20 dollars US pour ce film. Mal m'en pris. Hugo Stiglitz, l'acteur le plus mauvais depuis... depuis personne! À louer entre amis, mais assurez-vous d'avoir beaucoup d'alcool, pas tant pour vous amuser que pour oublier que vous avez vu cette merde.
Alien Prey
Non merci. Surtout pas avec ce maquillage à la limite du ridicule. Un autre film invisible de toutes les tablettes de tous les clubs vidéo de la terre. Et on se demande pourquoi Continental Video a fait faillite.
Color Me Blood Red
Un film de Herschell Gordon Lewis, en quelque sorte le papa du gore. Mais quel mauvais film! Vu quelques années plus tard, et bien parce que j'étais dans ma phase "H.G. Lewis", non pas parce que les extraits m'avaient impressionné.
2000 Maniacs
Et un autre film de H.G. Lewis. Un peu mieux celui-ci. Je l'ai vu quelques mois plus tard car mon Superclub Vidéotron l'avait en programme double (magnifique grosse pochette) avec Blood Feast (voir plus bas).
Scalps
Un film que je n'ai jamais cherché, jamais trouvé, jamais vu. Les meurtres présentés dans l'extrait sont pas si mal, mais je sais pas; mon petit doigt blessé m'a toujours dit de rester loin de ce produit el cheapo sorti tout droit de l'usine de Fred Olen Ray, bête tâcheron sans âme mais oh combien prolifique (93 réalisations au compteur, et à mon grand dam, son compteur tourne toujours).
BloodFeast
Troisième de Lewis présent sur cette compilation. Le film n'est pas très bon, mais ça, je l'ai su uniquement après l'avoir vu (en programme double avec 2000 Maniacs). J'avoue toutefois que les extraits présentés sont bien crades, et que c'est sans doute ce qui m'a poussé à le voir. Bien vendu, donc, pour une fois.
Ruby
Un des trois films dont il n'est jamais fait mention au bas de l'écran. Le film n'apparaît nulle part sur la pochette, et des extraits très courts sont présentés dans le blitz final, un montage débile de deux minutes regroupant des scènes violentes. Jamais vu, jamais trouvé, jamais tenté quoi que ce soit pour changer la donne.
Night Creature
Deuxième film incognito. Quelques scènes dans le montage gore à la fin. Sans intérêt.
Suicide Cult
Troisième et dernier film fantôme (celui-ci est bel et bien sur la pochette, mais jamais mentionné à l'écran). Un autre réservé uniquement au montage pas très impressionnant qui clôture le film. J'avoue toutefois que cette photo avec le masque m'intrigue.
Fin
***
Alors voilà. C'était ma petite histoire avec Ça fait peur qui, pour une raison ultra obscure, est banni à une seule place dans le monde : en Nouvelle-Écosse, au Canada. (?!?)
Oh, et je vous mets au défi de trouver aujourd'hui une copie de ce film en français. Celui ou celle qui le trouve se méritera... un autographe du minable Hugo Stiglitz. Horreur! Il ne doit même pas savoir écrire.
Urgh. ÇA, ça fait peur.
Déménagement oblige, j'ai commencé à "faire" des boîtes la semaine dernière. Évidemment, j'ai déjà douze boîtes de films et de livres près de la porte. C'est en manipulant mes centaines de vieilles VHS que je me suis questionné à savoir si j'avais réellement envie de transposer cette collection dans ma nouvelle maison. Je sais que la réponse est Pas vraiment, voire carrément Non, mais je semble lutter quand même, comme si je tentais de me convaincre que je n'avais pas changé, que j'aimais toujours autant les films d'horreur, que je n'avais pas passé à autre chose.
Le meilleur exemple d'une grande époque aujourd'hui révolue est sans contredit lorsque j'ai mis la main sur cette vieille pochette poussiéreuse de Ça fait peur, version française de Terror on Tape.
Ça fait peur n'est pas un film d'horreur; c'est un collage, un montage, un outil honteusement promotionnel déguisé en cadeau pour les fans. Sorti en 83 (en 85 pour la version française que j'ai entre les mains), ce que je croyais être un film (j'ai toujours eu cette fâcheuse habitude de ne jamais lire derrière la pochette, encore aujourd'hui) s'est finalement avéré être un assemblage des scènes les plus "saisissantes" (dixit la pochette) d'une dizaines de films.
[Après quelques recherches, il appert que TOUS les extraits proviennent de films sortis tout droit du catalogue du distributeur de Ça fait peur, d'où "outil honteusement promotionnel", car bonjour l'objectivité; ce n'est pas aux scènes des films les plus terrifiants auxquels nous avons droit ici, mais bien aux scènes les plusses moins pires de l'arsenal de films poches acquis par Continental Video. Il ne faut toutefois pas oublier qu'en 1983, alors que le marché de la vidéo était en plein essor, il n'était pas aussi évident qu'aujourd'hui pour un distributeur de faire voir ses bandes annonces au plus grand nombre, d'où ce Ça fait peur et sa ribambelle de morceaux sanguinolents.]
Voici ce que j'aurais su si je m'étais donné la peine de lire la pochette:
"Entrez dans le plus étrange vidéo club du monde. Celui où les clients ne viennent louer que des cassettes de films d'horreur... et vivant des moments plus effrayants que tout ce qu'ils auraient pu imaginer!
Tour à tour, le diabolique propriétaire leur fait visionner et subir les passages les plus abominables des films les plus cauchemardesques tournés à travers le monde."
Alors voilà. Animé par Cameron Mitchell, pseudo légende du cinéma de genre (tous les genres), Ça fait peur se déroule dans un club vidéo en carton-pâte sentant le studio à plein nez. Quelques pochettes sur les étagères, quelques affiches (dont une du film lui-même !!) sur les "murs", des toiles d'araignée et un cercueil debout près de la porte, et le tour est joué. Bienvenue dans le plus chiche des clubs vidéo de toute l'Histoire.
Trois clients se succèdent dans cet antre trop moche pour être crédible : un gros puceau à lunettes qui a peur de son ombre (Mark Fenske, deux-trois autres trucs sans intérêt par la suite, et hop, fin de sa carrière), un gars de la construction qui n'a peur de rien (Tim Noyes, son premier et dernier rôle, heureusement) et une vampire nymphomane folle qui semble jouir à la simple vue de sang et de violence (Michelle Bauer, 115 films à son actif, APRÈS Ça fait peur). On peut véritablement parler de tremplin dans son cas, quoique la compétition n'était pas très forte; vous êtes un producteur véreux et vous devez choisir entre un poltron encore dans les jupes de sa mère, un macho de la construction et une vampire nymphomane folle à la poitrine affolante,... Poser la question, c'est y répondre. Ceux qui ont répondu A ou B, vous êtes recalés.
La pochette est quelque peu trompeuse en cela qu'elle clame à qui veut bien le lire (pas moi) "Avec Nastassïa (SIC) Kinski, Christopher Lee, James Earl Jones, Jose' (SIC) Ferrer, John Carradine" et autres, toutes des grosses pointures du cinéma déviant ou non, le problème étant que ces gros canons n'apparaissent que quelques secondes (ou moins) dans un extrait d'un film qu'ils souhaiteraient probablement tous n'avoir jamais tourné. Ce qui ressemble à un film de rêve regroupant toute cette brochette de noms se transforme rapidement en festival de montage raté, et c'est là que commence la soirée de déconne entre potes.
En balançant la cassette (très lourde, car à l'époque, elles étaient remplies à pleine capacité de ruban, peu importe la durée du film) dans le vidéo, j'ai eu droit au message d'intérêt suivant :
"Les barres de couleurs qui suivent sont à votre disposition afin d'ajuster votre téléviseur."
Ces magnifiques barres de couleurs, avec biiiiiiiiiiiiiiip strident comme fond sonore relaxant, sont restées à l'écran pendant un gros... trois secondes. J'ai même reculé deux fois pour compter. Trois secondes! Le temps de se lever et de commencer à penser se diriger vers la télé pour faire les ajustements, pouf!, pus de barres, et le film commence. Bravo.
Là où ça se corse, mais également là où ça devient plus intéressant, c'est dans la version française de toute cette entreprise. Continental Video détenait bien évidemment les droits de tous les films présentés dans cette compilation, mais pour ce qui est des versions françaises de ces mêmes films,... pas nécessairement. Et imaginez tout le travail de reprendre les mêmes extraits en français et de... NON! Pas le temps, pas d'argent. La solution? On double tout ça à la va-vite, le temps d'un après-midi, deux ou trois gars pour toutes les voix d'hommes, et tiens, une seule fille pour TOUTES les voix de femmes, ça devrait suffire. C'est parti!
Le résultat est pathétique. Le son est minable, les voix sont monotones, à peine synchronisées avec les lèvres des "comédiens", et que dire justement de ces quatre personnages, à part qu'ils sont tous pénibles à voir et à entendre... Leur jeu est théâtral, surjoué, stéréotypé à outrance, bref, on se croirait en présence de quatre Sean Penn dans un seul et même lieu. Évidemment, ces quatre guignols ont la même voix que tous les personnages dans tous les extraits de film, ce qui ajoute à la confusion/l'amusement/l'agacement, selon le camp que le spectateur aura choisi. Oh, et une des voix d'homme est, j'en suis certain, la voix de Scott dans L'opéra de la terreur. C'est tout.
La musique, rajoutée en post-prod par-dessus les extraits, provient des films de Lucio Fulci (j'ai reconnu deux ou trois mélodies), mais cet emprunt n'est mentionné nulle part, pas plus sur la pochette qu'au générique. Scandale !
En dernier lieu, il est bon de rappeler le travail technique non existant qui mine cette version française à chaque tournant; au cours des extraits, le son augmente et diminue sans cesse (trop fort lorsqu'en présence d'effets sonores et de cris, pas assez pendant les dialogues puisque le doublage embarque avec les trois ou quatre même voix affreuses), des irrégularités au niveau des titres de film annoncés au bas de l'écran, bref, un fiasco sur toute la ligne, mais je trouvais ça pas mal à l'époque, quelque part au début des années 90, alors que j'avais 13-14 ans.
[À noter que les titres ci-dessous sont tels qu'ils apparaissent au bas de l'écran au début de chaque extrait]
Ça fait peur, ça non, mais plaisir garanti!
***
Return of the Alien Deadly Spawns
Probablement un des meilleurs films de tout le catalogue de Continental Video. Un film fauché à l'os, mais tellement fun, tellement gore, tellement sincère! Un vrai bel hommage au cinéma de science-fiction et d'horreur des années 50-60-70, et une fois de plus, tellement sanglant! Les extraits montrés m'avaient marqué, mais ce n'est que des années plus tard que j'ai vu le film. Très bien.
Vampire Hookers
Jamais vu ce film nulle part. Pas que j'avais le goût de le trouver, encore moins de le voir. M'a toujours semblé plutôt moche (peut-être en partie en raison du doublage complètement dans le champ). Oh, et une perle de mauvaise traduction; un des personnages dit clairement (on le voit sur ses lèvres) I'm leaving, first thing in the morning. [signifiant dès l'aube, ou aussitôt le soleil levé]. Traduction Ça fait peur : Je pars, première chose le matin.
?!?
Blood Tide
La raison pour laquelle le nom de James Earl Jones apparaît sur la pochette. En passant, sur la photo, c'est un monstre sous-marin qui croque une fille qui se baignait dans la mer. Cette scène est d'ailleurs pas mal du tout; belle cinématographie sous l'eau, belle fille, musique à chier... Voilà un autre film que je n'ai jamais vu nulle part, alors bravo au marketing raté de Continental Video.
Cathy's Curse
Ah, celui-là, je l'avais déjà vu à la télé payante sous le titre Une si gentille petite fille... J'étais jeune, j'habitais encore à Montréal-Nord, et ça m'avait traumatisé ben raide (le film, pas d'avoir habité à Mtl-Nord. Quoique...) De revoir les extraits du film aujourd'hui? Ouf, quel four. Ça me semble très mauvais, voire même POURRI. À ne jamais revoir, donc. Bye Cathy, pourtant une si gentille petite fille...
Madhouse Mansion
À 13 ans, je me disais déjà que jamais je ne verrais cette merde, alors... À 30 ans, me voilà toujours vierge de Madhouse Mansion, que je n'ai d'ailleurs jamais vu nulle part (décidément...), et dieu sait que j'ai bien dû visiter une soixantaine de clubs vidéo dans ma vie.
Frozen Scream
Jamais trouvé, donc jamais vu, mais je l'aurais sans doute loué. Semblait pas si mal, à part les deux-trois moustachus déguisés en moines qui surjouaient comme c'est pas permis. Amateurs.
To the Devil a Daughter
Deux autres gros noms sur la pochette : Christopher Lee (M. Dracula en personne) et Natassja Kinski (La féline). Bien que j'appréciais certains extraits, d'autres me laissaient plutôt pantois, et pour cette raison je n'ai jamais cru bon de le louer. C'était pourtant facile, mon Superclub Vidéotron l'avait. J'ai choisi de passer 1000 fois devant sans jamais m'arrêter. Next.
Eerie Midnight Horror Show
Ouh, celui-là m'intriguait pas mal. Les extraits montrés sont plutôt hardcore, surtout la femme qui se fait crucifiée sur une croix. Et que dire de la photo ci-dessus! Dégueulasse, en plein le genre de truc qui me fait peur. Je regarde aujourd'hui le générique de la chose et je me rends compte que, bien que le film ne traîne pas que des éloges derrière lui (loin de là même), quel casting mes amis! Tous des habitués du cinéma d'horreur transalpin; Ivan Rassimov, Gabriele Tinti, Luigi Pistilli, Chris Avram, etc. Malheureusement, je n'ai jamais réussi à trouver ce film, et aujourd'hui, je n'ai plus vraiment d'intérêt, alors...
Kidnapping of the President
L'extrait What the fuck (kessé ça fait là) de Ça fait peur. Un film de guerre et d'espionnage avec notre compatriote William Shatner... Au secours. Par chance, le vaillant capitaine Kirk n'apparaît dans aucun extrait.
Nightmare
Des extraits malsains comme c'est pas possible. Bon, ok, avec le retour des Deadly Spawn, ce Nightmare in a Damaged Brain, qui arrache toute, est un autre bon coup de Continental Video. Un film qui va trop loin, plus d'une fois, et qui fut longtemps censuré ou même banni dans plusieurs pays. Je voulais tellement le voir que je l'avais commandé de Midnight Video pour 20 dollars américains (mon salaire annuel de camelot de La presse!). Je n'ai pas été déçu. De loin les extraits les plus dérangeants de cette compilation bordélique.
Slayer
Damn, un autre que je n'ai jamais réussi à trouver. Intrigant, violent, un meurtre à la fourche, une tête arrachée par la trappe menant au grenier, une créature vraiment laide hurlant toute sa folie, bref, le genre de film fucked up que j'aimais bien. Jamais vu. Snif.
City of the Walking Dead
Hum. Un grand moment de n'importe quoi. C'est tellement mauvais! Faut croire qu'à l'époque ça m'impressionnait car j'avais également craché 20 dollars US pour ce film. Mal m'en pris. Hugo Stiglitz, l'acteur le plus mauvais depuis... depuis personne! À louer entre amis, mais assurez-vous d'avoir beaucoup d'alcool, pas tant pour vous amuser que pour oublier que vous avez vu cette merde.
Alien Prey
Non merci. Surtout pas avec ce maquillage à la limite du ridicule. Un autre film invisible de toutes les tablettes de tous les clubs vidéo de la terre. Et on se demande pourquoi Continental Video a fait faillite.
Color Me Blood Red
Un film de Herschell Gordon Lewis, en quelque sorte le papa du gore. Mais quel mauvais film! Vu quelques années plus tard, et bien parce que j'étais dans ma phase "H.G. Lewis", non pas parce que les extraits m'avaient impressionné.
2000 Maniacs
Et un autre film de H.G. Lewis. Un peu mieux celui-ci. Je l'ai vu quelques mois plus tard car mon Superclub Vidéotron l'avait en programme double (magnifique grosse pochette) avec Blood Feast (voir plus bas).
Scalps
Un film que je n'ai jamais cherché, jamais trouvé, jamais vu. Les meurtres présentés dans l'extrait sont pas si mal, mais je sais pas; mon petit doigt blessé m'a toujours dit de rester loin de ce produit el cheapo sorti tout droit de l'usine de Fred Olen Ray, bête tâcheron sans âme mais oh combien prolifique (93 réalisations au compteur, et à mon grand dam, son compteur tourne toujours).
BloodFeast
Troisième de Lewis présent sur cette compilation. Le film n'est pas très bon, mais ça, je l'ai su uniquement après l'avoir vu (en programme double avec 2000 Maniacs). J'avoue toutefois que les extraits présentés sont bien crades, et que c'est sans doute ce qui m'a poussé à le voir. Bien vendu, donc, pour une fois.
Ruby
Un des trois films dont il n'est jamais fait mention au bas de l'écran. Le film n'apparaît nulle part sur la pochette, et des extraits très courts sont présentés dans le blitz final, un montage débile de deux minutes regroupant des scènes violentes. Jamais vu, jamais trouvé, jamais tenté quoi que ce soit pour changer la donne.
Night Creature
Deuxième film incognito. Quelques scènes dans le montage gore à la fin. Sans intérêt.
Suicide Cult
Troisième et dernier film fantôme (celui-ci est bel et bien sur la pochette, mais jamais mentionné à l'écran). Un autre réservé uniquement au montage pas très impressionnant qui clôture le film. J'avoue toutefois que cette photo avec le masque m'intrigue.
Fin
***
Alors voilà. C'était ma petite histoire avec Ça fait peur qui, pour une raison ultra obscure, est banni à une seule place dans le monde : en Nouvelle-Écosse, au Canada. (?!?)
Oh, et je vous mets au défi de trouver aujourd'hui une copie de ce film en français. Celui ou celle qui le trouve se méritera... un autographe du minable Hugo Stiglitz. Horreur! Il ne doit même pas savoir écrire.
Urgh. ÇA, ça fait peur.
7 commentaires:
Ce film me rappelle aussi de bien beaux souvenirs... En particulier, le type de la construction qui souhaite voir des extraits de films avec de jolies nanas, sous l'oeil concupiscent du propriétaure du club vidéo, qui cherche à l'encourager sur la route du vice qui, on le sait, n'est pas seulement pavée de bonnes intentions...
L'emploi de la musique de L'AU-DELÀ fut une pratique courante au début des années 80. Bon nombre de films dont le doublage était réalisé expressément pour la vidéo utilisaient cette bande son. Le responsable (qu'on nomma entre amis LE DOUBLEUR FOU) avait également tendance à ajouter de l'écho dans la bande son.
Parmi les films post-synchronisés par le doubleur fou, on mentionne :
LES NUITS DE DRACULA
LE MANCHOT
- un thriller de 1969 avec Klaus Kinski, dont j'oublie le titre
SOIF DE SANG (Bob Clark)
BLOOD FEAST
2000 MANIACS
SO SWEET SO DEAD (VF)
Et quelques autres...
Le doubleur fou ! Que de souvenirs ! Il ne faut pas oublier, aussi, qu'au moins un des personnages du film aura une voix de fausset tout à fait inappropriée.
Ceci dit, ce synopsis (CA FAIT PEUR) me rappelle étrangement un roman que j'ai lu il y a quelques années et dans lequel des "traders" de films étaient prisonniers d'un club vidéo délirant... Est-ce que ça te dit quelque chose, Fred ?
Et aussi, un film dans lequel un homme italien barbu porte une chemise de bûcheron, échappe des yeux, mange du steak tartare et n'aime pas le gâteau. C'est composés d'extraits gores de films qu'il a produit, qui font office d'hallucinations sadiques. Il existe quelque part (où ?) une chanson qui rend hommage à cette oeuvre et elle est très drôle.
Hum ! Tu ne l'as pas, cette chanson, dis-moi ? Il me semble que oui...
Quant au reste, le roman en question met en scène un personnage qui, je crois, a bizarrement des initiales identiques aux tiennes.
Non, je crois en avoir demandé une copie à son créateur il y a quelques années mais on n'a malheureusement jamais donné suite à ma demande.
Pour le roman, tiens, c'est bizarre, je ne me souvenais pas de ce détail mais c'est vrai ! Toutefois, le personnage ne peut pas être moi car il habite sur FULLUM, non ?
LE DOUBLEUR FOU ! ahahah, j'adore.
Ça fait peur n'est jamais sorti en DVD, et ne sortira probablement jamais, et j'ai vu des forums sur lesquels certaines gens se plaignaient de la situation; je peux comprendre leur déception, mais en même temps,...
Je vois pas la pertinence de sortir ce truc aujourd'hui. Cet article de promotion appartient à une autre époque, sans compter que le distributeur de la chose a fait faillite y'a de ça exactement 20 ans.
Je le répète, pour toutes ces vieilles merdes en VHS poussièreuse (des perles joussives, on s'entend), il faut les avoir vu live, dans les années 80-90, alors que la chasse aux clubs vidéo était ouverte.
C'était l'époque des raretés, c'était l'époque des trucs hardcore qu'on avait toutes les misères du monde à trouver, c'était l'époque où quand, enfin, on trouvait l'objet tant convoité, DAMN, hostie qu'on était content d'arriver à la maison et de pitcher ça dans le vidéo. Oups, enlever le film porno avant.
Aujourd'hui, alors que tout se trouve en DVD, les gens sont blasés, voient des centaines de films jadis introuvables sans réellement apprécier, sans avoir connu c'était quoi de le chercher pendant deux ans dans tous les coins. Alors ils tombent sur ce Ça fait peur (mettons, bien qu'il ne soit pas sorti), le regarde, trouve ça complètement minable, et vont ensuite crier sur tous les sites de la terre à quel point cette merde est à chier, sans compter qu'ils insultent "ceux qui ont aimé".
Eh bien "ceux qui ont aimé", les amis, c'est vous et moi, les 25-37 d'aujourd'hui. Nous, on l'a vu à l'époque, nous, on trippait (ou non) sur les extraits, et nous, on tentait (ou non) de trouver les films en questions, alors nous, en tant que "vieux de 30 ans", on t'emmerde si tu trouves ça à chier, parce que sincèrement, on n'en a rien à foutre de ton petit visionnement douillet en DVD sur ton cinéma-maison, car nous, ON L'A VU DANS LES ANNÉES 80-90, EN VHS, APRÈS L'AVOIR TROUVÉ DANS LE FOND D'UNE POUBELLE D'UN CLUB VIDÉO À LAVAL, ALORS "SIT ON IT AND TURN", CALISS.
Voilà. Merci.
:o)
De rien ! J'avoue que certains n'ont aucun christ de mérite, et que rien ne vaut le recul critique que procure une chasse haletante qui a duré des années et qui nous a mené un peu partout en ville - et en région ! - dans les coins les plus douteux qui soient.
Je prétends toujours que "j'aime la crap" et ça n'a jamais été aussi vrai.
Hahaha !!! J'approuve le magnifique commentaire de Mister BenjamAnt ! On l'a dit souvent ce truc.... Non mais, quelle belle recherche dans le temps.... Les trésors n'en valaient pas toujours la peine, bien sûr.... J'ai également vu ce ÇA FAIT PEUR à l'époque et j'ai trimbalé la casette un bon moment, m'en débarassant seulement il y a environ 4-5 ans. Eh ben, le doublage douteux et le look crasseux du tournage vidéo des séquences au club vidéo me font bien marrer en souvenirs.
Et ce fabuleux DOUBLEUR FOU.... J'ai également vu ce double-bill de BLOOD FEATS et 2000 MANIACS en VF avec la piste sonore de THE BEYOND et je n'ai toujours pas vu à ce jour (malgré les DVDs qui traînent dans mon « entrepôt ») les versions originales de ces films de Lewis. Un jour.... Mais oui, son COLOR ME BLOOD RED pue. Et le son est à chier, sous toutes versions. Son WIZARD OF GORE m'a surpris l'an dernier, un bon moment délirant.
Dans tes films non-vus, TO THE DEVIL A DAUGHTER vaut le coup d'oeil. Je ne suis pas un fan de la Hammer mais celui-ci sort du lot et demeure efficace. SLAYER de J.S Cardone (qui n'a fait que des merdes par la suite) m'avait jeté par terre !! J'avais adoré... Toujours pas revu, mais il fut même l'objet d'un cadeau lors d'une fiesta dans le temps à Laval à l'avocat de Mister Brown ! haha ! Je me demande s'il l'a visionné....... Faudrait que je revois un jour.
NIGHTMARE IN A DAMAGED BRAIN, après plusieurs achats puis fermeture de compagnies DVD, va finalement sortir en DVD ici par Code Red bientôt, eh ben..... Bien hâte d'y rejeter un oeil, Scavolini ayant tapé dans l'mile.
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