31 août 2006

Ne jamais se fier aux apparences

Je lisais, dans le Journal de Mourial, l'article sur les circonstances mystérieuses entourant la mort de Benoît Sauvageau, (ex) député bloquiste. M. Sauvageau a embouti une remorqueuse, et selon des témoins, il n'a même jamais ralenti. Consternation chez ses collègues. L'un deux, dont le nom m'échappe (appelons-le Monsieur Chose), affirmait un truc du genre :

« Mon Dieu, quelle horreur. Je lui ai parlé peu de temps avant la tragédie, il allait super bien; il devait aller acheter quelques bébelles pour une fête quelconque prévue cet automne. Jamais il ne se serait suicidé, tout allait bien. Il n'aurait jamais pu faire ça, il a sa femme, ses enfants, tout allait bien, il était toujours optimiste (trop même), souriant; je vous le confirme, la thèse du suicide peut officiellement être écartée, rien ne laissait présager un tel geste, il souriait toujours, c'est pas un suicide, non, ça je vous l'assure,... »

J'étais bleu marin. Pour qui se prend-t-il celui-là? De quoi j'me mêle?? Et j'en mets à peine. Il répétait à outrance que ce n'était pas un suicide, que ça ne se pouvait pas (!!!) parce que tout était merveilleux; les p'tits oiseaux, les p'tits chiens, le soleil, les fleurs en forme de coeur,... La terre appelle Monsieur Chose, la terre appelle Monsieur Chose.

Claude Poirier, qu'on ne présente plus, a affirmé depuis avoir entendu un appel placé au 9-1-1 quelques minutes avant le drame; l'appel en question serait celui de la femme de feu M. Sauvageau, et ressemblait à ceci : « Mon mari vient de quitter la maison en pleurs, il dit qu'il va aller mettre fin à ses jours, j'ai peur qu'il le fasse, retrouvez-le svp, il vient de partir de la maison, voiture X, couleur X, immatriculation X,... » Lorsque les policiers ont finalement retrouvé le véhicule sur Notre-Dame, à Repentigny, son conducteur était mort. Aucune trace de freinage.

Il a l'air con aujourd'hui Monsieur Chose. Je comprends sa réaction, c'est normal, il était sous le choc, il venait de perdre un collègue/ami. Mais de là à affirmer au peuple (bon, disons aux lecteurs du Journal) que l'affaire est classée, que l'accident est le résultat d'une distraction, que la thèse du suicide peut immédiatement être écartée,...



Personne n'est à l'abri de ça mon grand. Personne. Ton collègue, ton frère, ton voisin, ta femme, ton fils; tout le monde a ce foutu bouton d'auto-destruction en lui. Le suicide est la seule chose sur laquelle nous avons réellement le contrôle; quand on décide que c'en est trop et que demain ne sera non pas un autre jour mais plutôt la première journée de deuil de nos proches,...

En lisant les propos de ce bonhomme, je me disais que c'était le genre de type qui dirait, à la télé, suite à un drame familial du genre le gars tue sa femme et ses enfants avant de retourner l'arme contre lui : «Je comprends pas comment ça a pu arriver!! C'est un quartier cossu ici, tranquille, jamais de problèmes... C'était du bon monde; ils avaient deux voitures, leurs enfants étaient beaux, propres, c'est un quartier cossu ici, vous savez... ». Tu peux répéter cossu une troisième fois, juste pour être sûr que tout le monde a bien compris que de tels drames ne se produisent habituellement que chez les pauvres??


Quoi??!? Un drame dans cette maison de riches?? Impossible.


...mais dans Hochelaga-Maisonneuve, que voulez-vous; ces choses-là arrivent...

Ignorance, quand tu nous tiens.

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