5 août 2006

VHS 4

1994? 1995? Peu importe. Je me rends au club vidéo Super Choix, tout près de la Polyclinique Concorde. Après avoir tourné en rond pendant 30 minutes, je m'apprête à repartir les mains vides. De toute évidence, rien ne me tente. Je regarde un peu dans les films prévisionnés à vendre : des vieux films poches, des maudits Collection « Faits vécus », des films de Bud Spencer (je sais, je sais, ce n'est pas un film DE Bud Spencer, il n'était pas réalisateur de ces monuments de baston et de castagne, mais c'est un genre à part entière; on dit bien un film DE karaté, un film DE char, un film DE fesses, alors c'est donc un film DE Bud Spencer), des trucs de bas étage du genre Hulk Hogan travesti en nounou, et, tiens, en parlant de bas-fonds, The Toxic Avenger.



Un film réalisé par Michael Herz et l'inénarrable Lloyd Kaufman, avec Andree Maranda et Mitch Cohen, 1985.

5.99$

Pourquoi pas. Je l'avais vu une fois en 90?, 91?, who cares, et j'avais trouvé ça... profondément débile, quoi d'autre. Vendu. J'arrive chez moi, je le range en ordre alphabétique avec les autres, entre Texas Chainsaw Massacre (Tober Hooper, 1974) et Trauma (Dario Argento, 1993), et je vais faire autre chose. Je n'avais même pas le goût de regarder un film. J'allais souvent comme ça, au club vidéo, quand j'avais rien à faire. Je ne m'en rendais même pas compte, j'errais sur Concorde en vélo, l'âme en peine, j'entrais au Vidéotron, au Super Choix, au Club International... Misère. « La drogue, c'est mal », dirait l'autre dans South Park; les films d'horreur aussi. Oh, et j'ai jeté le sac et la facture. Oups.

Un soir comme un autre, je décide enfin de libérer Toxic, coincé depuis des mois entre la scie à chaîne de l'homme au masque de cuir et le mauvais film d'Argento. La cassette dans le VHS, les pieds sur le pouf, Play.

Avertissement : Tous droits du producteur...

[En français?]

Cinéma plus VIDÉO
Présente

[Euh,... C'est pas censé être Troma??]

JEAN UBAUD - MICHALE COHL
CORKY BURGER

présentent

Une production Miramax

C A R N A G E

[Carnage??!??] Stop, Eject.

Oui, j'avais remarqué le papier collant sur l'étiquette annonçant fièrement The Toxic Avenger. Oui, je trouvais ça laid et cheap (j'aime bien que mes films, cassette et pochette, soient en bon état), mais je me disais que la foutue étiquette avait probablement décollée, et que le gars au club vidéo avait arrangé le tout, grossièrement, avec du ruban adhésif. Je l'arrache.

Cinéma plus VIDÉO
Présente
C A R N A G E

Arf.

Voilà pourquoi le « Oh, et j'ai jeté le sac et la FACTURE ». J'allais sauter sur mon vélo quand même, direction Super Choix, cassette à la main, furie dans les yeux, facture inexistante dans les poches, quand je me suis demandé c'était quoi ce C A R N A G E... Le titre ne me disait rien, mais bon; mon p'tit doigt ensanglanté me soufflait à l'oreille que ce n'était pas une comédie.

La cassette dans le VHS, les pieds sur le pouf, Play.



Carnage, c'est en fait la version française de The Burning (un film de Tony Maylam, avec Brian Matthews et Leah Ayres, 1981). Dans les grandes lignes, il s'agit d'un énième ersatz de Friday the 13th (Sean S. Cunningham, 1980), ce dernier étant de toute façon une imitation (plagiat? hommage?) de Bay of Blood (Mario Bava, 1971). Ça se passe dans un camp d'été, il y a des moniteurs, des enfants, sauf que Jason a été remplacé par Cropsy, et la machette par des ciseaux à haies. Mais dans Carnage, oh surprise, des jeunes adolescents se font tués! Et très violemment! Jason ne tuait pas d'enfants, il tuait uniquement les moniteurs et monitrices qu'il tenait responsables de la mort de sa mère, mais également de la sienne.



Finalement, j'ai adoré aimé le film, et j'ai donc abandonné l'idée d'aller foutre le bordel au Super Choix! Je n'ai malheureusement pas la boîte, mais j'ai au moins le film original, car même s'il est en français, le film est complet : ça fait plus de dix ans que j'entends parler de versions censurées partout dans le monde. Ça fait aujourd'hui 25 ans que le film est sorti, et toujours pas de DVD uncut à l'horizon.



Tom Savini, légende des années 80 et 90, a concocté des effets sanglants pas possibles, d'une sauvagerie qui serait aujourd'hui impensable. Le film est malsain, brutal, dans ta face. C'est en fait une bénédiction que ce Toxic à 5.99$ se soit transformé en Carnage valant beaucoup plus. J'aurais toutefois aimé connaître l'histoire derrière toute cette manipulation visant à vendre un film en le faisant passer pour un autre!

Aujourd'hui, les productions de Troma m'emmerdent. Je trouve ça débile, vulgaire, et plus rien de tout ça ne m'amuse. Je n'ai d'ailleurs même plus The Toxic Avenger dans mon étagère, que j'avais acheté quelques années plus tard (pour 4$ de plus!) au club vidéo où travaillait l'ex du Drunk Rocker. Malheureusement, cette fois, c'était le bon film.

Carnage, lui, a toujours sa place dans de ma vidéothèque, bien encadré entre Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980) et City of the Living Dead (Lucio Fulci, 1980). Et non, je ne parlerai pas du jeune Jason Alexander, qui a fait ses débuts dans ce film, bien avant de devenir le George Costanza de Seinfeld.

D'oh!

Il avait 22 ans, et des cheveux.

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3 commentaires:

Blogger Clifford Brown a dit...

Costanza !?!? Incroyable !

6 août 2006 à 21 h 35  
Blogger Patrick a dit...

Faut pas t'oublie Holly Hunter en figurante toute de même présente. Dire que ça vient des frères Weinstein.........

8 août 2006 à 03 h 16  
Blogger benjamAnt a dit...

J'attendais que quelqu'un le mentionne,... Deux morceaux de robot!

C'est même elle, là, sur la photo, à côté de Jason Alexander. Hein? Ben oui c'est elle! Blonde? Non, ça c'est LE SEUL sur cette photo qui n'a pas réussi! Holly Hunter est à droite!

CARNAGE, un tremplin de stars?

8 août 2006 à 07 h 01  

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