14 mars 2007

VHS 9

Secondaire 3, j'ai 16 ans. Je loue quatre, cinq, voire six films d'horreur par semaine. Je loue n'importe quoi, du plus récent blockbuster au plus ancien des films obscures. C'est ma nouvelle passion, et je me dis que j'ai beaucoup de rattrapage à faire. Certes, ça fait déjà quelques années que je réponds "Présent!" quand l'occasion se présente de visionner un film d'horreur, mais là, c'est la folie. Les employés du club vidéo m'appellent par mon nom. Je loue à coup de trois, et je les regarde tous dans la même soirée.

Je saute sur mon vélo, direction club vidéo. Je loue trois films (d'horreur, nul besoin de le préciser, comme je viens de le faire) et reviens chez moi. Sans le savoir, j'avais là, parmi mes trois films de la soirée, celui qui allait devenir "Le film d'horreur de ma vie", "Le numéro 1 de mon Top 3", LE fucking meilleur film d'horreur de tous les temps. Rien de moins.

Ça faisait au moins dix ans que la boîte me terrorisait. Ça faisait au moins dix ans que je reportais sans cesse mon visionnement de la chose. Pourquoi? J'avais peur. J'avais peur d'avoir peur. Je savais que ce serait LE film, MON film, mais j'avais peur de le voir. Je savais que ce serait dégueu, je savais que serait stressant, je savais que ça allait fesser dans le dash. Comme de fait.

Bang.

The Evil Dead


Un film de Sam Raimi, avec Bruce Campbell, Hal Delrich et Ellen Sandweiss, 1982 (certaines sources avancent 1981, 1979,...)

Je l'ai loué en français (L'opéra de la terreur) parce que ça faisait 10 ans que je voyais la pochette en français. En fait, je ne savais même pas que c'était la version française de The Evil Dead. En fait, je ne savais rien, sauf ça allait toute arracher. J'avais raison sur ce point, et je fus servi sur toute la ligne. Sur les deux autres films que j'avais loué, je me souviens d'un seul : The Texas Chainsaw Massacre 2. À cette époque, je n'avais même pas encore vu le premier, mais la bande de tarés sur la pochette du 2 m'attirait. J'avais trouvé le film pas si mal, mais je ne savais pas encore quelle claque monumentale j'allais me prendre quelques années plus tard en voyant son prédécesseur, aujourd'hui dans mon Top 5, sans que je ne puisse toutefois préciser s'il occupe la quatrième ou la cinquième position.


Mon histoire avec L'opéra de la terreur remonte à très loin. Difficile de donner une date précise, mais disons 1984. J'avais sept ans. Après avoir vu la pochette au club vidéo (chaque fois qu'on y allait, je regardais les photos à l'endos, et le coeur me débattait), voilà que le film atterrit à la télé payante. Enfin, voilà ma chance! Le seul problème, c'est que le film passe toujours en pleine nuit (avec raison). Mon père n'ayant jamais voulu me le louer (avec raison), je me suis dit qu'à la télé payante, il me laisserait sûrement le regarder.

Reconstitution dramatique :

-P'pa, tu peux-tu m'enregistrer L'opéra de la terreur cette nuit?

-L'opéra de la terreur?

-Ça commence à minuit quarante-cinq! Bonne nuit!


Le lendemain matin, énervé comme pas un, j'entre dans le salon avec fracas, recule la cassette, m'assied, appuie sur Play. 23 ans plus tard, je ne me souviens foutrement plus de ce que c'était, mais c'était pas L'opéra de la terreur. Déçu comme pas un (transition), j'attends le lever de mon père pour le ramasser.

Reconstitution dramatique :

-Yééééé oùùùù monnnnn filmmm?!? [en colère]

-Ton film de fou? Pff. Sacrament... J'avais commencé à l'enregistrer, j'le r'gardais en même temps, juste pour voir; j'ai toute arrêté après que la femme soit morte pis que les gars l'aye coupée en morceaux. Des écoeuranteries! Tu verras jamais ça, JAMAIS! J'ai même enregistré par-dessus les 20 minutes, pis j't'aller me coucher.

Ayoye... Je vous épargne la reconstitution dramatique de ma crise de larmes.


La charmante photo ci-dessus est tirée de la scène directement responsable du "Tu verras jamais ça, JAMAIS!" de mon père. Pour ceux qui ont le coeur solide et QuickTime, et pour qui une photo ne vaut pas mille mots, mais un court extrait vidéo si, voici la scène dans toute sa splendeur : Ouache

Au cours des quatorze dernières années, combien de fois aie-je vu L'opéra de la terreur? Qui sait... 20, 25, 30 fois? Je le connais par coeur aussi bien en anglais qu'en français. Je l'ai en VHS (ainsi que ses deux suites), je l'ai en DVD (ainsi que ses deux suites, sans compter l'édition spéciale, réplique en latex du Book of the Dead du film), j'ai une figurine à l'effigie de Ash, héros du film (et de la trilogie) interprété par le [insérer ici 42 adjectifs démontrant toute mon admiration] Bruce Campbell, dont je suis un fan fini (j'ai son livre), j'ai également le livre du film, bref, j'vous l'ai-tu dis? Un vrai fan fini.

Je termine malheureusement ce billet sur une note négative (catastrophique?)...

The Evil Dead (2008)

Nonnnnnnnnnnnnnnnnnn

"Join us... JOIN US!" disait les créatures démoniaques dans le film... Avec la rumeur voulant que ce soit le beau Ashton Kutcher qui reprenne le rôle de Ash, je répondrai à cette inquiétante invitation : JAMAIS!, pour reprendre les sages paroles de mon père.

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3 commentaires:

Blogger Clifford Brown a dit...

Incroyable ! N'y a-t-il donc plus rien de sacré ?!

La pochette de EVIL DEAD m'a aussi tenu à l'écart toute ma jeunesse, et quand je l'ai finalement vu j'ai pas trouvé ça si "écoeurant", même presque un peu trop campy à mon goût, mais ça n'est pas désagréable du tout, non monsieur !

19 mars 2007 à 19 h 21  
Blogger benjamAnt a dit...

Je comprends ce que tu veux dire par "campy"; c'est ce que plusieurs personnes reprochent au film. Mais je n'y peux rien, je ne le vois même pas, cet aspect ringard, je ne vois que la terreur... L'OPÉRA de la terreur!

Quelqu'un peut m'expliquer l'origine de ce foutu titre en français? What gives?!

21 mars 2007 à 17 h 42  
Blogger Clifford Brown a dit...

Ben, il y a un opéra tsé... quelque part en Amazonie... avec Klaus Kinski dedans ?

Et tu peux avoir peur, plus que peur même, parce que si jamais une chanteuse d'opéra de 400 livres tombe en amour avec toi, t'es dans la marde, mon gars.

28 mars 2007 à 20 h 11  

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