Maison en T...
Suite au divorce de mes parents, en 1987, ma mère et son copain ont acheté une maison unifamiliale quelque part à Laval, dans le 450. Une belle demeure dans laquelle j'ai vécu 12 ans. Quartier paisible, classe moyenne, voisins effacés, la belle vie quoi (du moins pour quiconque aime la banlieue). J'ai beau être un Montréalais pur et dur, ces douze années m'ont fait le plus grand bien.
Une maison semblable à celle-ci. Un peu.
Au début des années 90, je revenais toujours de l'école vers 14h30, et mon chat W. et moi étions seuls jusqu'à au moins 18h00. La première fois que c'est arrivé, j'étais en haut, dans le salon. Je dévorais un livre, et c'est à peine si j'ai entendu la voix de ma mère, pourtant toujours au travail à l'heure qu'il était.
Je me souviens alors avoir relevé la tête. Quelque peu inquiet, je fixais l'immense marronnier dans la cour. « Je suis seul à la maison, ma mère est présentement n'importe où sauf ICI. La fatigue? » Je me replonge dans mon livre. Quelques minutes plus tard, j'entends clairement mon nom; il s'agit bel et bien de la voix de ma mère, et elle provient du sous-sol. Horrifié, je voulais mourir. Je dépose mon livre, et au même moment, mon chat apparaît dans le haut de l'escalier. Je suis alors convaincu qu'il a lui aussi entendu et que, confus, il a préféré monter. Il est resté planté dans le haut des marches, inquiet.
Reconstitution dramatique.
J'étais confronté à une situation impensable, et des larmes coulaient maintenant sur mes joues. En fait, je ne pleurais pas vraiment, je n'émettais aucun son habituellement associé à cette activité; l'angoisse, la peur, le vertige se frayaient un chemin hors de moi.
La deuxième fois que c'est arrivé, quelques semaines plus tard, j'étais assis au piano et je composais une chanson. Au sous-sol. La voix était claire, je peux avancer avec certitude que c'était celle de ma mère. La provenance? À quelques mètres de moi, quelque part entre le garage et la « chambre de la fournaise ». Quelqu'un, ou quelque chose, était là, tapi dans l'ombre, et imitait la voix de ma mère. Je suis monté en haut en courant et je suis sorti pour sauter sur ma bicyclette et partir en trombe. N'importe où me semblait bon.
Le même manège s'est reproduit quelques fois. Je tiens ici à préciser qu'à cette époque, je n'avais alors jamais touché à aucune drogue, et qu'à mon humble avis, je ne souffrais d'aucune maladie mentale. Je n'ai jamais osé en parler à ma mère, de peur qu'elle fasse une dépression et/ou qu'elle mette le feu à la maison. Quel choc que d'apprendre qu'une entité se fait passer pour vous et qu'elle tente, pour une raison inconnue, d'attirer votre fils vers elle en l'appelant sans cesse!!??
Tu n'es pas ma mère!
La dernière fois de ma vie que mon nom a été prononcé dans cette foutue cave, j'ai failli pleurer, mais cette fois-ci de joie. Pourquoi? Parce que mon ami était assis à côté de moi, et qu'il a non seulement lui aussi entendu mon nom, mais il a également reconnu la voix de ma mère. Il était blanc comme un drap. Il savait, c'est le seul à qui j'en avais déjà parlé. Mais là, il y assistait, live! Et moi, j'étais soulagé. J'avais enfin un témoin autre que mon chat, je n'étais pas cinglé!
Il voulait sortir de la maison, j'ai tout de suite senti sa panique. J'ai réussi à le calmer, et bien qu'étant moi-même en état de choc (on ne s'habitue jamais à ce genre de folie), j'ai même réussi à le convaincre de m'accompagner dans le garage pour en avoir le coeur net. Il a accepté, mais il n'était pas question qu'il y mette les pieds; il m'attendrait sur le seuil de la porte. Good enough for me. On se dirige lentement, terrorisés, vers le garage. J'ouvre la porte, tout se bouscule dans ma tête.
Reconstitution dramatique. Merci à James Brolin,
qui a bien voulu jouer mon rôle le temps d'une photo.
Il n'y avait rien dans le garage. Rien de tangible, disons... Une présence? Une odeur? Un rire étouffé? Je me souviens seulement que je me sentais observé. Et pas uniquement par mon ami, affolé, près de la porte, me suppliant qu'on foute le camp, pas seulement du garage, mais de la maison. Je ne me fis pas prier, je sentais que mes forces allaient m'abandonner, que j'allais m'écrouler et que je ne sais quoi n'attendait que ce moment.
Pourquoi je vous raconte tout cela? 16 ans plus tard, et jamais rien de tel ne s'est produit depuis dans ma vie. Pas de voix, pas d'hallucinations, rien. Ça fait maintenant quatre ans que j'ai quitté la maison. Et en fin de semaine, dimanche soir pour être plus précis, j'y étais avec ma copine. On était tous assis dehors, et il était environ 20h30 quand, avant de partir, je suis entré dans la maison pour aller porter ma bouteille de bière vide.
Je descends au sous-sol, je n'allume aucune lumière; c'est très sombre, mais j'ai quand même habité là 12 ans. Je sais exactement où est la caisse. Je la trouve, y dépose ma bouteille, et, et,... Je ne pourrais pas dire exactement ce qui s'est passé. J'avais l'impression que c'était revenu... J'ai figé, j'ai eu peur, je suis resté là quelques secondes, seul (minou est mort depuis des années), avant de sortir de ma torpeur et de remonter en haut en courant, non sans regarder derrière moi, comme pour m'assurer que cette chose resterait dans la cave, qu'elle n'allait pas me suivre dans ma nouvelle vie, moi qui ai réussi à lui échapper il y a de ça si longtemps,...
Suite au divorce de mes parents, en 1987, ma mère et son copain ont acheté une maison unifamiliale quelque part à Laval, dans le 450. Une belle demeure dans laquelle j'ai vécu 12 ans. Quartier paisible, classe moyenne, voisins effacés, la belle vie quoi (du moins pour quiconque aime la banlieue). J'ai beau être un Montréalais pur et dur, ces douze années m'ont fait le plus grand bien.
Une maison semblable à celle-ci. Un peu.
Au début des années 90, je revenais toujours de l'école vers 14h30, et mon chat W. et moi étions seuls jusqu'à au moins 18h00. La première fois que c'est arrivé, j'étais en haut, dans le salon. Je dévorais un livre, et c'est à peine si j'ai entendu la voix de ma mère, pourtant toujours au travail à l'heure qu'il était.
Je me souviens alors avoir relevé la tête. Quelque peu inquiet, je fixais l'immense marronnier dans la cour. « Je suis seul à la maison, ma mère est présentement n'importe où sauf ICI. La fatigue? » Je me replonge dans mon livre. Quelques minutes plus tard, j'entends clairement mon nom; il s'agit bel et bien de la voix de ma mère, et elle provient du sous-sol. Horrifié, je voulais mourir. Je dépose mon livre, et au même moment, mon chat apparaît dans le haut de l'escalier. Je suis alors convaincu qu'il a lui aussi entendu et que, confus, il a préféré monter. Il est resté planté dans le haut des marches, inquiet.
Reconstitution dramatique.
J'étais confronté à une situation impensable, et des larmes coulaient maintenant sur mes joues. En fait, je ne pleurais pas vraiment, je n'émettais aucun son habituellement associé à cette activité; l'angoisse, la peur, le vertige se frayaient un chemin hors de moi.
La deuxième fois que c'est arrivé, quelques semaines plus tard, j'étais assis au piano et je composais une chanson. Au sous-sol. La voix était claire, je peux avancer avec certitude que c'était celle de ma mère. La provenance? À quelques mètres de moi, quelque part entre le garage et la « chambre de la fournaise ». Quelqu'un, ou quelque chose, était là, tapi dans l'ombre, et imitait la voix de ma mère. Je suis monté en haut en courant et je suis sorti pour sauter sur ma bicyclette et partir en trombe. N'importe où me semblait bon.
Le même manège s'est reproduit quelques fois. Je tiens ici à préciser qu'à cette époque, je n'avais alors jamais touché à aucune drogue, et qu'à mon humble avis, je ne souffrais d'aucune maladie mentale. Je n'ai jamais osé en parler à ma mère, de peur qu'elle fasse une dépression et/ou qu'elle mette le feu à la maison. Quel choc que d'apprendre qu'une entité se fait passer pour vous et qu'elle tente, pour une raison inconnue, d'attirer votre fils vers elle en l'appelant sans cesse!!??
Tu n'es pas ma mère!
La dernière fois de ma vie que mon nom a été prononcé dans cette foutue cave, j'ai failli pleurer, mais cette fois-ci de joie. Pourquoi? Parce que mon ami était assis à côté de moi, et qu'il a non seulement lui aussi entendu mon nom, mais il a également reconnu la voix de ma mère. Il était blanc comme un drap. Il savait, c'est le seul à qui j'en avais déjà parlé. Mais là, il y assistait, live! Et moi, j'étais soulagé. J'avais enfin un témoin autre que mon chat, je n'étais pas cinglé!
Il voulait sortir de la maison, j'ai tout de suite senti sa panique. J'ai réussi à le calmer, et bien qu'étant moi-même en état de choc (on ne s'habitue jamais à ce genre de folie), j'ai même réussi à le convaincre de m'accompagner dans le garage pour en avoir le coeur net. Il a accepté, mais il n'était pas question qu'il y mette les pieds; il m'attendrait sur le seuil de la porte. Good enough for me. On se dirige lentement, terrorisés, vers le garage. J'ouvre la porte, tout se bouscule dans ma tête.
Reconstitution dramatique. Merci à James Brolin,
qui a bien voulu jouer mon rôle le temps d'une photo.
Il n'y avait rien dans le garage. Rien de tangible, disons... Une présence? Une odeur? Un rire étouffé? Je me souviens seulement que je me sentais observé. Et pas uniquement par mon ami, affolé, près de la porte, me suppliant qu'on foute le camp, pas seulement du garage, mais de la maison. Je ne me fis pas prier, je sentais que mes forces allaient m'abandonner, que j'allais m'écrouler et que je ne sais quoi n'attendait que ce moment.
Pourquoi je vous raconte tout cela? 16 ans plus tard, et jamais rien de tel ne s'est produit depuis dans ma vie. Pas de voix, pas d'hallucinations, rien. Ça fait maintenant quatre ans que j'ai quitté la maison. Et en fin de semaine, dimanche soir pour être plus précis, j'y étais avec ma copine. On était tous assis dehors, et il était environ 20h30 quand, avant de partir, je suis entré dans la maison pour aller porter ma bouteille de bière vide.
Je descends au sous-sol, je n'allume aucune lumière; c'est très sombre, mais j'ai quand même habité là 12 ans. Je sais exactement où est la caisse. Je la trouve, y dépose ma bouteille, et, et,... Je ne pourrais pas dire exactement ce qui s'est passé. J'avais l'impression que c'était revenu... J'ai figé, j'ai eu peur, je suis resté là quelques secondes, seul (minou est mort depuis des années), avant de sortir de ma torpeur et de remonter en haut en courant, non sans regarder derrière moi, comme pour m'assurer que cette chose resterait dans la cave, qu'elle n'allait pas me suivre dans ma nouvelle vie, moi qui ai réussi à lui échapper il y a de ça si longtemps,...
Libellés : Mi vida
3 commentaires:
Weird qu'un fantôme choisisse une maison en banlieue pour se reposer ! Il a peut-être visionné trop de films de fantômes américains ;-)
Ah, que veux-tu; faut croire qu'il y a des revenants qui recherchent un abri Tempo, une piscine hors terre et un barbecue gros comme une voiture! Dans le fond, un banlieusard qui meurt, qui devient fantôme et qui s'emmerde, doit chercher par tous les moyens à hanter une maison de banlieue, question de ne pas être trop dépaysé, et de savoir où se trouve la tondeuse.
Oh, et je pensais à ça aujourd'hui; et si c'était ma mère qui avait pris la voix de cette entité??? Et si c'était elle, la copycat démoniaque???
À suivre...
Ben oui, peut-être as-tu une mère farceuse macabre ?
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